La définition du métier a été précisée dans le répertoire des métiers de la fonction publique hospitalière. Il décrit le métier d’infirmier·e·/cadre hygiéniste dans la fiche métier : « hygiéniste » codée 30F10 en 2011.
Celle-ci sera complétée plus largement en 2018 par le « référentiel métier des spécialistes en hygiène et PCI » élaboré par la SF2H (pour l’ensemble des professions : infirmier, médecin, pharmacien). Ce dernier précise les spécificités du métier d’hygiéniste pour une reconnaissance de son expertise et de sa plus-value. De plus il décrit les compétences de ce métier.
La fonction d’infirmier hygiéniste n’est pas une spécialisation comme peuvent l’être des professions d’IADE ou IBODE. Pour tout type d’établissement de santé, il est obligatoire de constituer une équipe opérationnelle d’hygiène (EOH), et de former ses membres en hygiène hospitalière.
Une EOH doit favoriser la pluridisciplinarité dans la mesure du possible (selon par exemple la typologie de la structure). L’équipe doit au minimum compter du personnel médical et paramédical. Elle peut aussi compter des professionnels spécialistes (IADE, puéricultrice, sage-femme) et du personnel administratif et encadrant (secrétaire, cadre de santé). En termes de quotas, l’infirmier hygiéniste sera délégué pour maximum 400 lits.
Pour exercer en tant qu’infirmier hygiéniste, par exemple au sein d’une EOH, l’impératif est d’avoir son diplôme d’état d’infirmier. La formation diplômante en hygiène (diplôme universitaire ou DIU) est ensuite fortement conseillée pour acquérir des connaissances qui ne figurent pas dans une formation infirmière initiale (ex : épidémiologie, risque infectieux, micro-organismes, gestion des épidémies…)
LES POSSIBILITÉS DE FORMATION DIPLOMANTE
Il existe en France environ quarante formations disponibles en hygiène hospitalière et qualité des soins (sous forme de diplôme universitaire ou encore DIU voire même Master). La formation est accessible dans la plupart des grandes et moyennes villes françaises dotée d’un CHU. Le DU et ses contenus sont valable pour tout praticien souhaitant se spécialiser (infirmier, technicien de laboratoire, préparateur en pharmacie, pharmacien, médecin, …).
L’objectif des formations diplômantes est de permettre à terme d’avoir les compétences pour améliorer la qualité et la sécurité des soins en exerçant au sein d’une EOH, dans le cadre de la prévention du risque infectieux. Pour cela, il est nécessaire d’explorer divers domaines d’enseignements tels que l’hygiène lors des soins, mais aussi les différentes techniques de stérilisation, de bio-nettoyage et d’environnement … Les formations diplômantes en hygiène sont donc très complètes et recouvrent un large éventail de savoirs et savoir- faire :
- Les connaissances des techniques essentielles de prévention du risque infectieux (ex : précautions standard, complémentaires)
- Les bases utiles pour savoir communiquer via des méthodes pédagogiques et innovantes
- Reconnaitre et produire du contenu sur l’évaluation et de la gestion de risques associés aux soins
- Les principes de management d’un projet global
LA PROFESSION D’INFIRMIER HYGIÉNISTE AU QUOTIDIEN
Concrètement, l’infirmier hygiéniste a pour mission de prévenir le risque infectieux dans son établissement et avec son équipe, en déterminant et accompagnant les équipes dans l’application des mesures de prévention.
Son profil de poste contient généralement les mots suivant : pédagogie, organisation, coordination, gestion de projet, gestion des risques, qualité … La transversalité des missions est importante, et passe par une collaboration avec les représentants de tous les services présents :
Les missions peuvent être :
- Identifier les niveaux de risques infectieux ou événements critiques inhérents aux soins
- Définir un programme et des actions de prévention et de gestion du risque infectieux.
- Projeter stratégiquement les actions d’améliorations possibles
- Elaborer des repères d’évaluation et les appliquer
- Auditer, interroger régulièrement les pratiques quotidiennes dans les services
- Faire de la gestion de crise et d’investigations lors d’épidémies
- Former et informer (en continue) les collègues dans les services ou sur le terrain
- Veiller à l’application des protocoles et de l’hygiène de l’établissement.
- Participer et gérer le suivi épidémiologique (prévalence, incidence…) et communiquer les résultats
- Participer aux stratégies d’information et de communication sur le risque infectieux, pour le grand public et des prestataires de services
D’un point de vue humain, les infirmiers hygiénistes et membres d’une EOH seront disponibles pour écouter les soignants et autres professionnels associés à la prévention du risque infectieux. Ils peuvent être sollicités pour l’obtention de recommandations, de formation ou de conseil.
DANS QUELLE STRUCTURE EXERCER ?
Dans quel type de structure peut-on trouver un poste d’infirmier hygiéniste ? Il existe plusieurs lieux d’exercice possible, chacun ayant ses spécificités et permettant d’accentuer certains aspects de l’expertise en hygiène.
- Au sein d’une EOH : L’exercice au sein d’un établissement de santé, publique ou privé, permettra à l’hygiéniste de cibler son travail sur la prévention des infections nosocomiales (contractées dans l’établissement de santé).
- Au sein d’une EMH : Dans un établissement médico-social (Ehpad, EAM, MAS), les techniques et les compétences de l’hygiéniste seront portées sur les infections associées aux soins (contractées lors de la prise en charge).
- L’infirmier hygiéniste peut également choisir d’exercer dans un contexte hors soins en structure d’appui, par exemple au sein d’un CPias (centre d’appui et de prévention de l’infection associée aux soins). Dans ce cas, il exercera des missions d’appui, de production de contenu, de communication et de formation auprès des établissements de santé et médico-sociaux de la région.
En termes de support d’information, le rapport élaboré par la SF2H en février 2022 sur le rôle et les missions des EOH et EMH permet d’avoir un panorama complet du métier d’hygiéniste, en passant par la définition des éléments clés de la prévention des infections pour les secteurs sanitaire et médico-social, jusqu’aux préconisations concernant les moyens humains nécessaires aux équipes.
Dans l’ensemble des cas, l’infirmier hygiéniste pourra organiser son temps de travail de façon autonome, tout en étant intégré à une équipe opérationnelle d’hygiène ou bien une équipe pluridisciplinaire au sein d’un CPias par exemple. Chaque poste d’infirmier hygiéniste est à personnaliser selon son expérience en tant qu’infirmier et ses appétences professionnelles. Plus largement il pourra être amené à collaborer avec d’autres structures régionales telles que les ARS.
Il est important de noter que les actions menées dans le contexte d’un CPias ou d’une EOH sont déterminés par le PROPIAS (plan national de prévention des infections) définissant des objectifs au niveau national. L’infirmier hygiéniste participera à la déclinaison en région de ces objectifs, selon des axes de mise en œuvre et d’amélioration choisis. La direction des soins et le management de l’établissement où exerce l’infirmier hygiéniste sera également seront également déterminants dans le choix des actions à mener localement.
COMMENT SE FORMER SUR LE LONG TERME ?
La formation diplômante en hygiène peut se voir compléter au quotidien par une actualisation des connaissances régulières, les pratiques d’hygiène et les recommandations évoluant rapidement et de manière continue (notamment dans le cadre de situations exceptionnelles telles que la pandémie de COVID-19).
La formation continue peut lui permettre de mettre à jour une expertise liée aux besoins de sa structure, de développer de nouvelles compétences ou de maitriser de nouveaux outils (par exemple dans le cadre de l’intégration des dispositifs numérique en simulation en santé).
A ce titre, plusieurs occasions sont offertes à l’hygiéniste de se former. Des structures telles que les CPias ou les ARS se mobilisent tout au long de l’année pour proposer des journées régionales, idéales pour échanger avec des pairs. A l’issue, des outils et divers supports de formations peuvent être échangés.
Les manifestations événementielles nationales telles que le congrès annuel de la SF2H, qui rassemble des hygiénistes de tous pays, ou bien les rencontres internationales francophones sont aussi des occasions privilégiées pour élargir son champ de partage et accélérer son réseau d’information et de collaboration.
LES ÉVOLUTIONS POSSIBLES
Plusieurs possibilités d’évolution de carrière s’offrent à l’infirmier hygiéniste. Tout comme un parcours infirmier classique, une évolution en cadre de santé est possible sous réserve d’obtention du diplôme. Le cadre hygiéniste aura alors les mêmes missions d’un infirmier hygiéniste (selon son secteur).
Un projet IPA en PCI a été rédigé et est porté par la SF2H. Cette spécialisation permettrait également d’accéder à des compétences déclinées : la recherche, la collaboration, le management, et l’expertise. Les deux champs de compétences (spécialisation en hygiène et leadership collaboratif) sont associés dans cette pratique et ouvrent à un contexte de travail dynamique.
QUI PEUT S’INSCRIRE ?
Pour devenir infirmier hygiéniste, il faut obligatoirement être titulaire du diplôme d’état d’infirmier et justifier d’au moins 4 ou 5 ans d’expérience sur le terrain en service de soins.
En termes de compétences attendues pour un débutant, les exigences sont principalement la disponibilité, l’aisance communicationnelle et des qualités d’analyse, un esprit d’équipe et une motivation à toute épreuve.
SOURCES
- « L’infirmière hygiéniste : un poste clé à l’hôpital » – Août 2019 – CHR CGOS : en savoir plus
- « Hygiéniste : médecin, infirmier, rôle dans le Covid-19, formation » Juillet 2020 – Journal des femmes Santé : en savoir plus
- Rapport d’élaboration : Infirmier en Pratique Avancée et Prévention et Contrôle de l’Infection – Edition 2019 – SF2H : en savoir plus
- Rôle et missions des équipes opérationnelles d’hygiène et des équipes mobiles d’hygiène – Février 2022 – SF2H : en savoir plus
- « Référentiel métier : Spécialistes en Hygiène, Prévention, Contrôle de l’infection en milieu de soins » – Mars 2018 – SF2H : en savoir plus