Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, ainsi que la structure au sein de laquelle vous travaillez ?
Bonjour, je suis Marion Rémy-Le Nevé, référente qualité et gestion des risques, et je suis avec Marlène Fournet, infirmière hygiéniste de l’établissement.
L’hospitalisation à Domicile du Lot-et-Garonne (47) est un établissement de santé privé à but non lucratif. De forme associative, sa gouvernance repose, en sus de la direction et de la CME,sur 3 acteurs de santé (clinique Esquirol St-Hilaire, le CH d’Agen et la Mutualité Française). Nous disposons de 3 antennes sur l’ensemble du département : Agen (avec le siège administratif et la PUI), Marmande et Villeneuve-sur-Lot.
Avec 96 salariés et 97 patients par jour en moyenne, nos 2 modes de prise en charge principaux sont les pansements complexes et les soins palliatifs. Et nous avons pour projet de développer une activité de transfusion sanguine (en EHPAD), et de la chimiothérapie anticancéreuse.
Quelle place occupent les mesures d’hygiènes (des mains) au sein de votre structure (dans quelle mesure est-ce important pour vous) ?
MF : L’hygiène des mains a toujours été quelque chose d’important. Comme nous avons souhaité développer ce domaine, j’ai passé le DU (d’hygiène) il y a quelques années. Puis nous avons mis en place une EOH (équipe opérationnelle d’hygiène), avec deux référents sur chaque antenne. Ils ont pour missions d’être les intermédiaires de terrain, de se faire le relais des recommandations mais sont aussi chargées de réaliser des audits, de sensibiliser les professionnels, et de réaliser des formations par exemple. Pour nous, l’hygiène des mains est la base de tous nos soins : elle est « l’assurance vie » de nos patients, car nous avons des patients en soins palliatifs, avec des poly-pathologies et un risque infectieux assez important car porteurs de beaucoup de dispositifs invasifs. Je répète souvent en formation que de l’hygiène des mains va dépendre la continuité des soins. Par exemple si une chambre est infectée, ça signifie un arrêt des traitements ou un report des chimiothérapies donc quelque part une perte de chance…sans compter les répercussions psychologiques pour le patient, financières pour l’entreprise (antibiothérapie)….Le lien est expliqué également entre le défaut d’hygiène des mains, l’infection, les antibiotiques et l’antibiorésistance.
On parle beaucoup d’hygiène des mains, notamment lorsque nous avons de nouvelles embauches sur la structure (journées dédiées aux nouveaux arrivants). Nous consacrons de plus en plus de temps pour en parler, donc cela peut varier entre 1h30 et 2h, selon les questions. Lorsque l’on rappelle l’hygiène des mains et les bonnes pratiques, on se rend compte que parfois les choses ne sont plus assimilées ou mal. De même lors des diverses formations ou sessions de rappels sur différents thèmes de soins (prévention des infections sur DIV, les dispositifs urinaires, les techniques de prélèvements biologiques… ) la première partie est systématiquement un rappel de la base de nos soins : l’HDM.
Pourquoi avez-vous souhaité participer à la campagne RéPias « 5 Mai 2020 : les professionnels s’engagent », qu’est-ce que cela représente pour vous ?
MRN : Comme tout établissement de santé, l’HAD47 cherche sans cesse à sensibiliser les professionnels lors des différentes journées à thèmes : cela fait partie intégrante de notre plan d’action d’établissement. Avec le contexte actuel, nous avons un peu « perdu » le sens du temps, mais il était hors de question de ne pas participer à la Journée Hygiène des Mains, lors de laquelle nous souhaitons être moteurs.
Par le passé, nous avions par exemple déjà mis en place un atelier ludique aquatique avec l‘EOH (montrer la transmission manuportée avec des jeux d’eau et de la peinture). Nous avons également fait différents quizz, escape game, et la thématique de l’hygiène n’est jamais en reste lors des SSP (Semaine Sécurité des Patients).
L’année dernière, nous avions déjà testé l’audit Pulpe’friction, très simple d’utilisation. La campagne du RéPias « 5 Mai 2020 » était l’occasion pour nous de montrer aux équipes que l’hygiène des mains est plus que tout au cœur de nos préoccupations. L’EOHH n’avait, qui plus est, pas pu se réunir sur les dernières semaines étant donné les circonstances et les difficultés du terrain, c’était aussi l’occasion de les mettre à profit par ce biais.
MF : En participant cette année, nous avons souhaité montrer qu’il y a une continuité avec l’an dernier : faire l’audit nous avait permis de mettre en évidence certains freins à la mise en place de l’hygiène des mains. Refaire l’audit en 2020 permet de se reposer les questions, et voir si nous avons réussi à lever certains freins que nous avions identifiés.
Vous avez mis en place des mesures et des axes d’améliorations particuliers, pourriez-vous nous en parler ?
MRN : En effet, nous avons décidé de créer une nouvelle Evaluation des Pratiques Professionnelles sur l’hygiène, et plus particulièrement concernant les précautions standard. Comme dit précédemment, l’hygiène des mains a toujours été une préoccupation de l’HAD47 mais force est de constater que cela doit être un axe d’amélioration pérenne. La création de cette EPP va permettre une articulation entre les différents acteurs et structures opérationnels (EOH, instances, cellule qualité) et veiller ainsi au suivi des plans d’actions et à l’ajustement de la stratégie de l’établissement, notamment à travers le COPIL QGR EPP et le tableau des bord de ces EPP.
Quel serait le message que vous souhaiteriez faire passer aux établissements qui souhaitent mettre en place des mesures d’hygiène et de prévention (conseils… etc ?)
MF : Nous ne faisons pas de soins dans nos locaux, mais nous essayons de mettre l’accent sur l’éducation au niveau des familles et des aidants par rapport au rôle très important de l’hygiène des mains : ce sont eux qui sont au domicile, et ce sont eux qui souvent deviennent partenaires des soins.
Nous avons un rôle d’éducation à la santé qui est très important : nous essayons de le développer. Nos soignants y sont très sensibilisés par leur exercice à domicile : ils comprennent que les aidants font souvent des gestes de soins, même si c’est compliqué d’avoir la traçabilité de l’information qui est donnée aux familles.
Les recommandations en hygiène ont autant de valeurs dans un CHU que dans une HAD : les mesures doivent être les mêmes, voir même renforcées en fonction de l’environnement (situations parfois précaires, animaux, conditions d’hygiène non respectées…).
Si maigre notre participation peut paraître, il ne faut pas la négliger et nous pouvons tous mettre en place des mesures de prévention. Chacun est responsable à son niveau et il faut parfois revenir aux bases pour grandir.
Avez-vous une actualité à partager avec nous ?
Actuellement, nous sommes en train de nous remettre doucement. Sur la période Covid-19, nous avons eu des sensibilisations qui ont été faites, mais certaines par le biais de discussions informelles entre les EOH et les équipes. Nous avons également fait des procédures sur la prise en charge des patients Covid-19, ce qui a permis de recentrer les gestes barrières avec l’hygiène des mains qui doit être accentuée.