Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, ainsi que votre profession au sein du CH de Béziers ?
Je suis Louise Gazagne, praticien hygiéniste à temps plein sur l’hôpital de Béziers depuis 20 ans.
Je suis Benoît Mantion, praticien hygiéniste et coordonnateur de la gestion des risques sur le centre hospitalier de Béziers, depuis 5 ans.
Vous êtes le 1er établissement français à obtenir une certification de l’AFNOR : pourriez-vous nous parler du contexte de l’obtention de cette certification ?
Benoît MANTION : nous sommes bien sûr dans un contexte post-Covid-19. Ce que l’on a souhaité avec cette certification, c’est redonner confiance aux patients et usagers pour leur montrer qu’ils peuvent revenir au CH de Béziers en sécurité dans de bonnes conditions. Nous souhaitons aussi rassurer nos salariés, via les dispositions qui ont été prises pendant la crise, et aujourd’hui sur la reprise d’activité.
Louise GAZAGNE : Nous souhaitions également vérifier par un tiers extérieur, la pertinence de toutes les mesures qui ont été mise en place par notre direction pour la reprise d’activité des services, et qui doivent être appliquées par tous les professionnels de l’établissement.
Quelles ont été les mesures que vous avez mises en place, qui ont été déterminantes pour l’obtention de la certification ?
BM : Nous avons été audités sur un référentiel, avec environs 100 critères, sur la vérification de la mise en place des gestes barrières : le port de masque, la distanciation sociale et l’hygiène des mains. Il s’agit du socle de la vérification, avec ensuite un référentiel construit sur le système PDCA*, prenant en compte les critères d’organisation, de communication en interne et en externe du CH, et la sensibilisation à l’information.
* PDCA = Plan / Do / Check / Act : Roue de Deming
LG : Les points qui ont été investigués relèvent du transport des patient en interne et entre établissements, les accès au site (par les professionnels ou par les usagers) : nous avons mis en place des totems à toutes les entrées de l’établissement, avec disponibilité de masques et SHA, ainsi que des affiches de sensibilisation aux bonnes pratiques. Nous avons également organisé l’accueil des patients, avec un siège sur 2 dans les salles d’attente, l’espacement des rendez-vous, et la mobilisation des praticiens. Tout a été mis en place pour respecter les gestes barrières, et la distanciation sociale.
BM : Nous gérons aussi le flux des déplacements au sein de l’hôpital (professionnels et patients), la prise, et la fin de poste des professionnels, les vestiaires et la restauration, les salles de pause et de détente dans les services de soin. Globalement, nous avons été évalué sur : comment on applique la distanciation sociale et les gestes barrières dans tous les lieux de l’hôpital, et comment on communique et informe.
LG : La Direction de l’établissement a fait un très gros travail de communication, car une adresse email a été attribuée à chaque salarié de l’hôpital. Ainsi, les «points Covid-19» rédigés en temps de crise et en post-crise ont été envoyés quotidiennement à chaque professionnel. Une information en temps réel a été réalisée, et un ressenti de la crise (effectué par l’unité de recherche clinique) a été mesuré à l’aide d’un questionnaire envoyé au personnel de l’hôpital(impact de la crise sur eux et leur façon de travailler).
BM : Tous les modes de communication mis en place ont été extrêmement utilisés, cela a été reconnu comme un point fort par le personnel. Pour la communication externe, elle a surtout été faite avec les outils digitaux (site internet, réseaux sociaux).
LG : Nous avons aussi utilisé des supports (ex : affiches) édités par l’ARS ou le Ministère… et parfois nous avons personnalisé des supports pour correspondre aux besoins de notre hôpital.
Qu’est-ce que cette certification représente pour vous, pour votre établissement, et quelles sont les perspectives d’évolutions qui s’ensuivent ?
BM : Cela nous a permis de redonner confiance aux patients dans un premier temps. Il s’agit de leur dire : vous pouvez revenir sur l’hôpital, vous allez être pris en charge dans de bonnes conditions. Il s’agit aussi de rassurer les professionnels en leur montrant que ce que l’on a mis en place est conforme aux exigences de l’AFNOR.
LG : Comme vous l’a dit Benoit, une centaine de critères ont été évalués. Nous avons eu les résultats par pourcentages de critères atteints : nous sommes en global à 91% d’atteinte de l’objectif fixé par la norme, avec quelques pistes d’amélioration que nous allons travailler dès maintenant.
Cela va également nous permettre de rebondir sur la certification V2020*, que nous devions passer cette année mais qui a été annulée (reportée en 2021). La certification AFNOR nous a permis de nous mettre au clair sur d’autres supports, au-delà de l’épidémie Covid-19.
*V2020 : Certification V2020 des établissements de santé réalisée par la Haute Autorité de Santé
BM : De plus, nous n’avions pas véritablement préparé cette certification AFNOR Cela a donc été un pré-travail pour la prochaine certification (V 2020). La certification AFNOR a moins de critères, mais l’expert qui est venu est allé à la rencontre des professionnels de terrain et les as interrogés.
Avez-vous eu des retours de la part de vos professionnels et patients sur l’obtention de cette certification ?
BM : C’est très positif, notamment sur tout ce qui est communication externe, avec un grand rayonnement de l’information, dans la presse locale et au niveau du digital. Il y a une effervescence qui s’est créée autour de cette certification, et on espère que l’on pourra la mesurer au retour des patients sur l’hôpital, ce qui est vraiment l’enjeu premier.
Souhaiteriez-vous partager avec nous une actualité/ une information complémentaire ?
LG : Le plus important est que cette certification nous permet de restaurer une confiance tant auprès des patients et des visiteurs, qu’auprès du personnel. Cette crise a instauré beaucoup de peur. Cette certification AFNOR nous permet une reprise raisonnable de l’activité dans un climat serein.
Merci à Benoît Mantion et Louise Gazagne pour cette interview.